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Nouvelle

Contrer la déshumanisation par le coenseignement

Texte de 2 enseignantes de français en deuxième secondaire au Collège de Lévis (Valérie Lehoux et Anne-Sophie Picard) publié dans le Carnets 45 (printemps 2024) de la FNEEQ.

Contrer la déshumanisation par le coenseignement

La réalité est claire: il y a une certaine déshumanisation de l’enseignement et plusieurs élèves vivent des difficultés scolaires. Devant ce constat, au Collège de Lévis, la direction et l’équipe-enseignante ont fait le choix d’expérimenter une nouvelle approche qui inclut notamment le coenseignement.

Le portrait des élèves en difficulté

Depuis quelques années, au premier cycle, particulièrement en français et en mathématiques, les enseignantes remarquaient un nombre grandissant d’élèves pour qui les connaissances de base n’étaient pas acquises, ce qui nuisait au développement de leurs compétences. D’autres atteignaient difficilement la note de passage ou devaient suivre un cours d’été pour y parvenir, et ce, qu’ils aient ou non un plan d’intervention. Le coenseignement nous semblait donc une avenue pertinente pour répondre le mieux possible à ces besoins.

Une nouvelle formule

Pour ces jeunes, le programme Défi-Réussite du Collège de Lévis permet, au premier cycle, de joindre un groupe régulier tout en bénéficiant des avantages d’un encadrement individualisé. Par exemple, en français de deuxième secondaire, nous sommes toutes deux attitrées à un même groupe. Ainsi, à l’intérieur d’un cycle de neuf jours, selon le contenu et les besoins de nos élèves, nous choisissons la méthode d’enseignement. Soit nous travaillons en groupe complet où deux intervenantes peuvent répondre aux besoins de chacun, soit les élèves ciblés reçoivent un enseignement individualisé en sous-groupe. Par ailleurs, ces derniers ont à l’horaire une période supplémentaire en sous-groupe avec l’une de nous pour consolider les apprentissages. Tout le contraire de la déshumanisation !

Concrètement, cette approche permet aux apprenants de profiter de l’émulation positive qu’entraine l’intégration à un groupe diversifié tout en évitant d’être stigmatisés en raison de leurs difficultés. Qui plus est, les périodes en sous-groupe nous permettent d’adopter un rythme plus adapté aux besoins de ces élèves, rendant ainsi notre enseignement plus individualisé. Nous remarquons, depuis que nous expérimentons cette façon de faire, une augmentation de la confiance de certains élèves en leurs capacités. Notre but étant de les outiller à un moment critique de leur parcours scolaire, ces jeunes profitent également de la motivation de choisir, après le premier cycle, un nouveau programme qui correspond à leurs intérêts, tout en ayant accès à d’autres mesures d’appui.

Le cas d’Audrey

C’est le cas d’Audrey (nom fictif) qui, maintenant en quatrième secondaire, étudie dans un programme sportif et est en voie de réussir son année scolaire. Au cours de ses deux années dans le programme Défi-Réussite, elle a su développer à la fois sa confiance en elle et ses méthodes de travail en osant prendre la parole en sous-groupe et en se mêlant au groupe régulier lors de diverses tâches collaboratives. Elle a ainsi pu prendre conscience qu’elle pouvait atteindre ses objectifs et, par le fait même, ses résultats ont augmenté, ce qui lui a fait vivre de nombreuses réussites.